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21 février 2012 2 21 /02 /février /2012 07:00

  J'ai un vieux téléphone portable que je n'utilise plus, et samedi dernier, je me suis lancée dans une opération dont je pensais qu'elle ne présenterait pas de difficulté particulière : faire déverrouiller cet appareil afin de l'utiliser chez un nouvel opérateur qui a le bon goût de proposer un forfait au prix avantageux de zéro euro par mois.

  Munie de l'appareil, de la facture d'origine, et accompagnée de la famille au grand complet désireuse de profiter de l'occasion pour se promener agréablement sous la bruine par cinq degrés Celsius, je me rends dans la boutique où j'avais acquis ce téléphone.

  Le vendeur me renvoie aimablement vers un autre magasin, m'expliquant qu'ici ils n'effectuent pas de déverrouillage. Nous trouvons, non sans mal, dans une ruelle à l'écart des grands axes commerçants, une petite boutique assez miteuse sous une enseigne clignotante à moitié en panne : « Téloshop ». L'intérieur est aussi sombre et peu soigné que le magasin que je viens de quitter était clair, lumineux et parfaitement ordonné. Sous le comptoir, un certain nombre de portables sont à vendre, des occasions certainement, les prix sont indiqués à la main sur de petits morceaux de papier. Le vendeur communique dans une langue étrangère avec le client précédent, termine sa conversation et s'adresse à moi – en français cette fois. Je montre mon téléphone, expliquant que je souhaite le déverrouiller.

- Ah, celui-là ce n'est pas possible, Madame, il est trop vieux, on ne peut plus le faire. Vous pouvez en racheter un, regardez dans la boutique.

  La proposition ne me tente pas ; dépitée, je retrouve Monsieur qui m'attend dehors et lui expose la situation.

- C'est dommage, il marchait très bien, lui dis-je. Mais c'est vrai qu'il n'est pas tout récent. Attends, si je me souviens bien, je l'ai acheté...

  Je sors la facture de mon sac à main.

- C'est bien ça, je l'ai acheté trois jours avant la naissance de Fiston, il y a cinq ans, dis-je en jetant un coup d'œil à l'intéressé.

  Fiston, du haut de ses cinq années, est précisément en train de sauter dans une flaque d'eau en faisant joyeusement tournoyer sa paire de moufles autour de leur cordon, s'attirant ainsi l'admiration de ses plus jeunes frères.

- Cinq ans ! Autant dire que ce n'est plus la prime jeunesse...

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18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 07:00

  Vous vous souvenez peut-être de la soirée chic que j'avais passée, étudiante, dans l'appartement de Daniel et de Monique, mon parrain et son épouse, que je n'avais pas revus depuis des années. Daniel, d'ailleurs, m'avait confié à cette occasion qu'il disait parfois à Monique qu'à ce rythme là ils ne me reverraient pas avant mon mariage. Assise sur leur jolie banquette de style, mon verre de jus de fruit à la main, j'avais alors pensé intérieurement que Daniel s'avançait peut-être un peu, et qu'il semblait bien sûr d'être convié à cet événement encore hypothétique.

  Une fidèle lectrice m'a demandé, en commentaire, si, depuis cette mémorable soirée, j'avais eu l'occasion de revoir Daniel et sa femme. Il est vrai qu'ils m'avaient vaguement proposé de revenir passer une soirée chez eux, mais ils n'y mirent pas d'insistance particulière et je me suis gardée de les envahir à nouveau.

  J'ai eu par deux fois l'occasion de revoir mon parrain. La première fois, en déplacement professionnel dans la région, il était venu passer une soirée chez mes parents, chez qui je me trouvais justement. Je participai discrètement à la conversation, me contentant d'écouter d'une oreille distraite Daniel évoquant le caractère stationnaire et trop peu ambitieux à son goût de la carrière professionnelle de son épouse, davantage préoccupée que j'étais par le nombre de ballotins de dragées à réaliser, ou peut-être par l'impression des faire-part : il se trouve que j'étais à trois mois de me marier. Le sujet finit tout de même par arriver dans la conversation :

« Le mariage, c'est quand-même une prise de risque, non ? »

  Je suppose que Daniel me trouvait bien jeune pour convoler, mais sa remarque me fit toutefois sursauter. Lorsqu'il quitta mes parents, je l'entendis, depuis ma chambre où je m'étais réfugiée après le dessert, les interroger, dans l'entrée, sur leurs sentiments à propos de cette union bien risquée. J'eus le soulagement d'entendre mes parents assurer qu'ils étaient confiants, mais je doute qu'ils aient réussi à contenir le scepticisme de leur hôte.

  Daniel et Monique ont toutefois assisté à ma « prise de risque », l'air un peu contraint, et c'est donc le jour de mon mariage que je les ai vus pour la toute dernière fois.

  Depuis, nos rapports se limitent à une carte de vœux annuelle, emprunte, pour celle de Daniel, d'un pessimisme de plus en plus marqué : « En dépit d'un contexte économique difficile, des incertitudes quant au marché de l'emploi, et de la crise financière, nous vous souhaitons une très bonne année » ; aux faire-part de naissance que nous leur adressons, et aux félicitations, un peu convenues, que nous recevons en retour : « Que la naissance de votre enfant ne vous fasse pas négliger pour autant votre vie de couple ».

  Emploi, mariage, naissances, l'existence n'est qu'une immense prise de risque...

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 07:00

   La trêve hivernale, protégeant certains individus en situation précaire contre les coupures de gaz ou d'électricité en cas d'impayés, dure du 1er novembre au 15 mars.

  Nous ne sommes sans doute pas en situation précaire, mais grâce à la grande libéralité de notre agence immobilière, GdF a fait mieux encore pour nous qu'une simple trêve hivernale. Depuis dix-huit mois que nous sommes locataires de notre appartement, nous avons été chauffés gratuitement. Jamais une facture, jamais un relevé de compteur. Il faut dire que nos prédécesseurs dans le logement nous avaient assuré que le chauffage était compris dans les charges (que je trouvais bien faibles, soit dit en passant, mais qui s'en plaindrait ?). Alors pourquoi mettre leur parole en doute ?

  Sauf que je viens de retirer à la Poste un recommandé avec accusé de réception de notre agence immobilière me demandant de bien vouloir renvoyer un document spécial signé et daté à GdF pour établissement d'un contrat. Cela aurait été si simple de nous le remettre le jour de la signature du bail. Il y a un an et demi.

  « Attention aux coupures », nous avertit aimablement notre agence immobilière, ajoutant, légèrement menaçante : « Nous vous faisons remarquer que vous n'avez rien réglé à GdF depuis votre arrivée dans les lieux ». Et pour cause...

  Notre agence immobilière a donc mis la bagatelle de dix-huit mois à se rendre compte que nous n'avions pas établi de contrat avec GdF – et par la même occasion, que les précédents locataires, eux, n'ont jamais réglé leur consommation de gaz. La surprise n'est pas très agréable pour nous, mais ce n'est rien en comparaison du choc que nos prédécesseurs vont ressentir en ouvrant le courrier que l'agence immobilière leur a, peut-être, adressé :

« Madame, Monsieur,

J'ai l'honneur de vous demander de contacter GdF afin d'établir un contrat rétrospectif de consommation de gaz et d'eau chaude pour les dix années que vous avez passées dans l'appartement que vous avez quitté il y a un an et demi.

Je ne peux que vous conseiller de vous assurer que l'état de vos finances vous permettra de régler votre arriéré de dettes s'élevant, après une rapide estimation, à une dizaine de milliers d'euros. Il serait peut-être bon d'annuler votre séjour au ski pendant les prochains congés scolaires, voire vos vacances d'été, en prévision de la régularisation de vos charges.

Je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'assurance de ma très grande considération la meilleure. »

  Pas de trêve hivernale pour les mauvaises nouvelles.

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10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 07:00

  Cela fait bientôt dix ans que je la connais, que je la vois marcher, marcher, marcher encore. Quand elle ne marche pas, elle se déplace quand-même, assise dans le métro. Depuis dix ans que je fréquente le quartier et que j'y emprunte les transports en commun je l'aperçois régulièrement, toujours dans le même périmètre assez large, sur une petite dizaine de stations. Elle ne se promène pas, elle ne flâne pas, elle ne se balade pas. Elle avance. Elle marche.

  Je suppose que tout le quartier la connait. On la remarque d'abord pour son allure. Une cinquantaine d'années, peut-être plus, peut-être moins, les cheveux blonds platine, un peu rares, laissés libres et légèrement hirsutes, un visage rude et très émacié, les traits durs, marqués, le menton fort, le regard absent. On est frappé par sa démarche nerveuse et saccadée, automatique, on la croirait montée sur un ressort. Elle avance d'un pas long et rapide, sans jamais regarder autour d'elle, penchée d'un côté, le haut du dos comme déporté sur la gauche, la tête fixée dans le même axe, comme tendue par une force invisible, les yeux baissés, un bras décrivant un large mouvement de balancier tandis que de l'autre main elle tient une cigarette qu'elle porte à sa bouche d'un geste gauche et rapide. Parfois on la voit marmonner silencieusement quelques paroles mystérieuses, le regard toujours fixe et vide. Sa maigreur est effrayante : ses membres ne sont pas plus épais que des baguettes, et l'on s'étonne qu'une silhouette aussi malingre dégage une impression d'énergie si brusque et si intense.

  Il faut l'avoir aperçue deux ou trois fois pour constater qu'elle n'est pas aussi négligée qu'elle semble l'être au premier abord. Quand on s'est suffisamment habitué à son apparence singulière et que l'on a le loisir de détailler son habillement, on constate qu'elle arbore des tenues très colorées et rarement assorties mais neuves, et sans doute de bonne facture. Ses ongles sont toujours vernis de couleurs vives, elle porte un rouge à lèvres voyant et souvent quelques accessoires inattendus, dernière touche insolite à son extravagante silhouette : des mitaines multicolores, un sac à main brillant, un bijou clinquant.

  Qui est-elle, comment vit-elle, depuis combien de temps est-elle mue par cette folie déambulatrice qui la pousse sans répit droit devant elle ? Elle est une ombre, une ombre dans la ville, une ombre étrange et bariolée qui ne cesse d'avancer, décidée mais sans but, un élément instable qui suit sa propre trajectoire insensée au beau milieu du flux rapide et organisé de la circulation.

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 07:00

   Début décembre, il y a deux mois. Nous recevons un coup de fil du papa de Monsieur qui souhaiterait discuter avec ses petits-enfants. Nous suivons d'une oreille la conversation parfois un peu décousue entretenue par notre fils aîné.

- Bonjour Grand-père, on a mis le sapin, il y a une guirlande lumineuse de toutes les couleurs.

   Nous devinons les questions posées depuis l'autre bout du fil en écoutant les réponses de notre fils.

- Oui, le Père Noël va bientôt passer.

   Il semble que, finement, et sans éveiller aucun soupçon, Grand-père, l'air de rien, s'enquière des cadeaux que son petit-fils a demandés au Père Noël. Le 25 approche et tous les grands-parents du monde commencent, sans doute, à penser à ces jouets que leurs petits-enfants trouveront au pied du sapin le jour de Noël...

- Ben j'ai demandé Cars.

- ....

- Oui, Cars, j'ai demandé Flash et Martin.

- ....

- Bah Flash et Martin ! s'exclame notre fils, un léger ton d'indignation dans la voix, visiblement étonné, du haut de ses cinq ans, de devoir répéter une réponse aussi évidente et tellement explicite.cars.jpg

   Nos enfants n'ont pas vu les films, mais ils sont passionnés par les personnages de Cars. Même le petit dernier, pas encore deux ans, trente mots de vocabulaire environ, prononce, à sa façon, les noms de Flash McQueen et de Martin la dépanneuse, qu'il affectionne particulièrement.

   C'est au tour de notre deuxième de prendre le combiné.

- Bonjour Grand-père, on a mis le sapin et une guirlande lumineuse de toutes les couleurs.

   L'information passe toujours mieux quand elle est répétée. La conversation se poursuit, avec toujours cet air de « déjà entendu ».

- J'ai demandé Flash et Martin.

- ....

- Bah oui, Flash et Martin !

   L'échange téléphonique est désormais terminé. Grand-père a raccroché après avoir recommandé une grande sagesse à ses petits-fils dans l'attente de la fête de Noël, et toute la famille reprend ses activités un moment interrompues.

   Deux jours plus tard, Monsieur reçoit un mail embarrassé de son papa.

Lorsque nous avons demandé par téléphone aux enfants ce qu'ils aimeraient que le Père Noël leur apporte, nous avons compris Flash Gordon, Martin, Cars ce qui nous laisse perplexes parce que nous ne connaissons pas ces jouets.

   C'est dommage qu'ils n'aient pas eu le réflexe de chercher sur internet, ils auraient trouvé tout de suite : on ne voit que des jouets Cars dans les magasins cette année ! Mais je me rends compte que j'ai parlé trop vite :

Une recherche sur internet donne des résultats mais sur l'ancien flash gordon des années 50 ou 60 et nous pensons que ce n'est pas de cela que parlaient les enfants.

Pourriez-vous nous renseigner ?

   Je vous rassure, nous avons éclairé les généreux grands-parents, et ce sont bien les héros du film Cars que nos enfants ont découverts avec une joie infinie au pied du sapin. Ils ignoreront toujours qu'il s'en est fallu de très peu qu'à la place de Flash McQueen et du débonnaire Martin, ils ne déballent deux étranges figurines à l'effigie de Flash Gordon et de l'impressionnant empereur Ming.

flash-gordon.jpg

   Heureusement, le Père Noël veille à tout et ne se trompe jamais. En douteriez-vous ?

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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 07:00

  Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant hier matin que je me suis fait taguer pour la première fois. Le monde des blogs (savez vous qu'il en existerait 150 millions de par le monde ?) s'est doté de ses propres règles et parmi les us et coutumes de la blogosphère, vous connaissez sans doute cet usage du tag. Le principe est simple, un blogueur vous adresse une liste de questions auxquelles vous devez répondre sur votre propre blog, avant de désigner – de taguer – un certain nombre d'autres blogueurs en leur demandant de répondre à leur tour à une série de onze questions que vous prendrez soin de rédiger. Une chaîne de questions et de réponses se répand ainsi sur les 150 millions de blogs existant dans le monde, ajoutant de nombreux articles de qualité à l'ensemble des millions de textes publiés chaque jour sur le web.

  Le genre des questions posées est très variable. Si vous tenez un blog sur le maquillage, par exemple, vous serez amené à répondre à des questions telles que « Apprécies-tu les conseils des vendeuses Sephora ? ». Si vous êtes passionné de cuisine, vous réfléchirez à la question suivante « Teflon ou fonte d'aluminium ? », et si vous ne vous intéressez à rien, vous enrichirez la blogosphère de vos réflexions pertinentes sur les sujets suivants : « Quelle est ta couleur préférée ? » ou « Quelle est la marque de ta voiture ? ».

  Mon amie la Belette, connue pour son humour et sa vivacité d'esprit, a eu la gentillesse (ou devrais-je dire la perfidie ?) de me choisir pour répondre à onze questions sorties tout droit de son imagination fertile. A la lecture de ces questions, figurez-vous que j'ai presque regretté de ne pas tenir un blog de maquillage, ou de devoir livrer à mes lecteurs ma couleur préférée et la marque de mon véhicule. Car l'exercice du tag est périlleux. Il s'agit de répondre de façon aussi spirituelle et originale que possible, à des questions souvent rédigées dans un esprit de paradoxe et de fantaisie, le tout sans sombrer dans le ridicule et en veillant à donner au moins l'apparence de la plus grande sincérité.

  Je vous livre le résultat de ce délicat travail de réflexion.

  •  Quelle serait la situation la plus gênante dans un ascenseur que tu puisses imaginer ?

 Rester bloquée pendant trois jours entiers en compagnie d'un végétarien, avec pour seules provisions un magnifique jambon entier.

  •  As-tu déjà pleuré d'émotion en regardant une pub télé ?

 Je ne crois pas, mais, si c'était le cas, oserais-je l'écrire sur mon blog ?

  • A qui as-tu eu envie de dire "Tais-toi à jamais" dernièrement ?

Je change de sujet, mais savez-vous que Tante Claudine est venue récemment nous parler de tous les malades et grabataires qui l'entourent ?

  • Raconte-nous un souvenir de pizza qui t'a marquée.

La pizzeria Pino, ce sont des pizzas de 70 centimètres de larges préparées sous vos yeux. Elles sont délicieuses, mais ne prenez pas d'entrée. Terminez avec un ananas frais !

  • As-tu déjà eu envie d'empoisonner quelqu'un avec du Tip-Ex ?

Je mentirais en prétendant n'avoir jamais réprimé une envie inavouable de voir l'existence d'un de mes semblables arriver prématurément à son terme, mais l'idée d'empoisonnement au Tip-Ex ne m'est jamais venue à l'esprit. A tort, sans doute.

  • Es-tu pour ou contre la misère dans le monde ?

Un proverbe chinois dit « On ne rassasie pas un chameau en le nourrissant à la cuiller. »

  • Si tu devais te réincarner en cahier, tu serais plutôt à lignes ou à carreaux ?

Un cahier à carreaux, plus agréable pour gribouiller dans la marge.

  • Selon toi, qui symbolise le mieux les dents blanches dans un monde de dents jaunes ?

Ne faut-il pas se méfier de ceux qui paraissent trop propres, trop lisses et trop brillants ?

  • Quelles célèbres personnalités ont dit : "La vérité est au bout du couloir" ?

Patrick Jane, épisode 13, saison 2, le cadavre était caché au fond du corridor. Il y a aussi Platon, et le fameux mythe du bout du couloir.

  • Si tu étais un roman, comment t'intitulerais-tu ?

Meurtre au Tip-Ex au fond du couloir.

  • Tous les blogueurs sont-ils des gens hyper sympas ?

Celui qui prétend le contraire, qu'il le prouve !

 

  Et voici maintenant la liste des onze questions rédigées par mes soins.

  • Quel est le film le plus ridicule qu'il t'ait été donné de regarder ?
  • De quelle forme de politesse tombée en désuétude rétablirais-tu l'usage ?
  • Quel est le mensonge de politesse que tu prononces le plus souvent ?
  • As-tu une tête à chapeau ?
  • Quelle qualité voudrais-tu voir plus répandue ?
  • Que ferais-tu de 500 euros que l'on te donnerait avec l'obligation de les dépenser dans les trois heures suivantes ?
  • Pourquoi blogues-tu ?
  • Quel spectacle naturel ne te lasses-tu jamais de contempler ?
  • Raclette ou tartiflette ?
  • A quelle question es-tu soulagé(e) de ne pas avoir à répondre ?
  • A quelle superstition reconnais-tu apporter un très léger crédit ?

  Ma chère Ginger nous fera-t-elle l'honneur de partager le fruit de ses réflexions ? Aurons-nous le plaisir de lire également les opinions de Virginie ? Le talentueux Gustave Borjay saura-t-il donner ses lettres de noblesse au genre peu reconnu encore du tag ? Cineman donnera-t-il un éclairage cinéphilique à ces diverses questions ? Enfin, Milie Coquille nous enchantera-t-elle de ses réponses inspirées ?

  Je le souhaite, même si, bien évidemment, cette invitation n'a aucun caractère obligatoire ! Et bien-sûr, si certains veulent répondre dans un commentaire, j'en serai ravie. Au plaisir de vous lire...

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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 07:00

  Je les renvoie tous dans la chambre, ce qui me laisse quelques instants pour gratter les miettes de chocolat sur le parquet et ramasser les pièces du puzzle. « Qui a ouvert la porte de la chambre interdite ? Gustave, tu sors ! ». Le brouhaha ne cesse de croître – encore trois quarts d'heure avant la fin, comme le temps passe lentement ! – j'interviens pour suggérer des occupations plus calmes. « Et si vous mettiez toutes les petites voitures à la queue leu leu pour faire un embouteillage ? ». C'est un succès total, le calme revient pour dix minutes, trente-sept véhicules se retrouvent alignés les uns derrière les autres. Je reviens en courant au son des « pim pom pim pom » tonitruants : il fallait s'y attendre, l'embouteillage s'est vite transformé en carambolage.

  C'est le moment de dégainer ma toute dernière arme, mon ultime atout. « Jeu de société » ! Tous les enfants prennent place autour de la table, et lancent les dés les uns après les autres. J'ai parfois l'impression d'être seule à jouer : « Bravo Romain, tu prends cette carte, tu la poses ici, tu rejoues, tu relances le dé, tu as perdu, à toi de jouer Basile, tu lances les dés, tu tires une carte... » Au moins, le calme règne ! Et Gustave, qui finit grand perdant, n'est même pas mauvais joueur.

  Il reste vingt-cinq minutes. En rangeant le jeu, je demande aux garnements de ne pas se mettre debout sur les fauteuils, et « non, Gustave, tu ne touches pas à la télécommande ». C'est le moment rêvé pour prendre en photo la brochette de garçons alignés sur le canapé. Deux minutes de gagnées. A ce moment-là, vraiment, chaque seconde compte !

  « On peut regarder la télé ? » « Non, Gustave, tu n'es pas là pour ça ». Je me demande pourquoi Gustave est là, d'ailleurs, surtout que je remarque en passant devant le porte-manteau qu'il a tout bonnement subtilisé le cadeau de Romain et l'a même glissé dans la poche de son vêtement. Je m'empresse de le rendre à son propriétaire, j'entends une porte qui claque au fond : c'est Gustave qui est parti bouder dans la chambre.

  On est en avance sur mon planning. La pêche à la ligne aurait dû durer plus longtemps, et si la bougie magique s'était rallumée j'aurais encore gagné deux minutes. Je suis à cours d'idée, et je me dépêche d'improviser une occupation pour la toute fin de l'après midi.« Et si on imitait les cris des animaux ? » A nouveau règne un calme relatif au milieu des grognements, pépiements, meuglements et aboiements. J'ai les yeux rivés sur ma montre, c'est fou ce que ces aiguilles se traînent. Et soudain... « Ding dong ! » La sonnerie stridente me paraît ce jour-là le son le plus mélodieux du monde. En cinq minutes, trois mamans arrivent et enlèvent leurs enfants respectifs. Je n'ai pas entendu les remerciements de Gustave ni de sa maman, mais peu importe. Il reste encore un invité, celui que mon fils préfère, dont les parents ne semblent pas pressés du tout. Une demi-heure plus tard, passée à lire des histoires sur le canapé, sa maman arrive enfin, en s'excusant pour... ses cinq minutes de retard. Je ne saurai jamais si je me suis trompée en rédigeant l'invitation ou si c'est elle qui l'a mal lue.

  La maison est redevenue paisible. Les emballages de carambars encombrent encore le plancher, la cuisine est envahie de vaisselle salle, du jeu d'échecs en cristal et de divers jouets confisqués tout au long de l'après midi, j'ai un peu mal au dos. Pourtant la journée n'est pas finie : je dois encore m'évertuer à monter un playmobil offert à mon fils. En déchiffrant la notice, je songe que ce goûter d'anniversaire est une vraie réussite. Tout au long de l'après midi j'ai lu dans les yeux brillants du héros du jour combien il était ravi, entouré de ses amis et de ses frères, ravi de s'amuser avec eux et de souffler ses bougies en leur compagnie. « Je voudrais bien refaire un anniversaire demain ! » déclare-t-il, plein de reconnaissance, tandis que j'entame le rangement de la cuisine. « Ah, mais tu sais, maintenant il faut attendre l'année prochaine. »

  Et j'ai comme le pressentiment que Gustave ne sera pas de la partie...

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 07:00

  Mon fils aîné vient de fêter ses cinq ans. Une grande date, et surtout, mercredi dernier, son tout premier goûter d'anniversaire à la maison : un événement que l'intéressé attendait avec impatience depuis des semaines, et sa maman avec un peu d'appréhension... car c'est toute une organisation :

  • Quatre invités : les trois meilleurs amis de Fiston, et puis Gustave, qui avait convié la moitié de la classe à son anniversaire au printemps dernier, et à qui je rends l'invitation. Soit un total de sept enfants. Sept garçons. Ça promet de l'action...

  • Une durée strictement limitée à deux heures et demi.

  • Un programme étudié à la minute près, un goûter, trois activités préparées.

  • Un appartement rangé, une chambre vidée de ses meubles, les autres fermées et interdites d'accès.

  • Un gâteau au chocolat, cinq bougies, dont une bougie magique, des jus de fruits, carambar et smarties.

  Quatre sonneries à l'interphone, et voilà l'appartement bien rempli, les invités sont arrivés à l'heure et envoyés dans la chambre où les attend tout ce que la maison contient de voitures, garages, véhicules et camions divers. Je laisse les enfants jouer, dans le calme pour l'instant. Au bout de dix minutes, Gustave débarque au salon, il s'ennuie déjà. « S'il-te-plait Gustave, retourne t'amuser, tu es en avance sur mon planning. »

  Cinq minutes plus tard, Gustave n'a vraiment plus aucune envie de s'amuser dans la chambre. Il commence à sortir les jeux de société du salon. « Non, Gustave, pas le puzzle de 70 pièces s'il te plait. Prends celui-ci, à 15 pièces, j'en aurai moins à ramasser tout à l'heure. »

  Il est temps de passer à la première activité : coloriage ! Tous installés autour de la table de la salle à manger, les enfants s'appliquent. L'un d'eux me demande de l'aide, les autres se débrouillent, dénonçant tour à tour sans délicatesse ceux qui « dépassent ». En trois minutes, Gustave a gribouillé toute sa feuille de papier, tandis que les autres artistes continuent à s'appliquer consciencieusement. « Très bien Gustave, retourne faire ton puzzle. Non, pas le jeu d'échecs en cristal. »

  Les enfants ont colorié moins d'un dixième de la surface de leur feuille mais décrètent en avoir terminé : je les laisse pour préparer le gâteau à la cuisine. Gustave débarque : « J'ai faim, il est à quoi le gâteau ? ».

  Après avoir chanté « Joyeux anniversaire » d'une seule voix, les invités regardent Fiston souffler avec fierté ses cinq bougies. Dommage que la bougie magique ne se rallume pas. Je sers les ogres qui ont déjà vidé leur boîte de smarties. « Essayez de ne pas renverser votre... Bon, ce n'est pas grave Hector, je vais passer un coup d'éponge. Si vous pouvez aussi ne pas faire tomber trop de miettes de chocolat par terre... ». Les carambars, c'était une mauvaise idée. Gustave, bien-sûr, n'aime pas le caramel, les autres ne savent pas le manger et je retrouve un tas de bonbons collants incrustés sur les assiettes. A retenir pour l'année prochaine.

  Je regarde ma montre : toujours dans les temps. Plus qu'une heure à tenir !

  Et maintenant, arrive le moment phare de l'après midi, la surprise inédite : une séance de pêche à la ligne avec, en guise de poissons, de petits cadeaux emballés dans du papier. La ficelle est un peu longue, les enfants assez maladroits, mais en guidant le crochet avec la main ils parviennent tous à attraper un paquet. Je ramasse les emballages pendant que les enfants s'extasient devant leurs trophées... tous sauf Gustave. « J'aime pas mon cadeau, je veux celui de Romain ! »

 

à suivre

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 07:00

  Souvenez-vous, il y six mois, je vous avais raconté le suicide virtuel de Guillaume, et à cette occasion je vous avais promis de vous parler de Mathieu.

  Mathieu est un des amis que je me suis faits au cours de mes études supérieures. Âgé d'un an de plus que moi, il avait intégré notre école et sa résidence d'étudiants un an avant moi. Nous avions beau disposer d'une cafétéria, de salles de sport, et d'un grand nombre de distractions et de soirées, il avait gardé de ses deux années de classes préparatoires en internat un souvenir tellement sublime qu'il mit des mois à commencer à apprécier ses nouvelles conditions de vie. C'est ainsi qu'il ne s'était fait aucun nouvel ami parmi les deux cents membres de sa promotion, se contentant de fréquenter deux ou trois anciens camarades de lycée plus amateurs comme lui de bachotage et de révisions que de pichets de bière ou de piste de danse.

  En deuxième année, il décida de rattraper le temps perdu et se mit à sortir davantage de sa petite chambre d'étudiant. C'est dans ces nouvelles dispositions d'esprit que j'ai fait sa connaissance au sein d'un club de l'école, et sur les banquettes crevées de la cafétéria où il se plaisait à discuter avec ses nouveaux amis. Il aimait parler de ses lectures, car l'éducation sérieuse qu'il avait reçue de ses parents, ingénieurs tous les deux, et des différents lycées privés réputés qu'il avait fréquentés n'avait pas éteint son goût pour la littérature et la poésie ; sa façon de voir les choses ne manquait pas d'une certaine élévation et d'une certaine indépendance.

  Mais le rêve le plus cher de Mathieu, vers lequel toute son éducation avait tendu, restait d'intégrer une prestigieuse université américaine, et c'est ce qu'il parvint à faire l'année suivante au prix d'un labeur acharné et d'un lourd emprunt étudiant.

  Depuis les États-Unis, pendant plusieurs années, Mathieu écrivait régulièrement de longs mails détaillés. Comme avant sur les banquettes de la cafétéria, il parlait de ses études, puis de son travail dans le conseil, de ses voyages et de ses lectures. Il aimait se référer à nos souvenirs communs d'étudiants, ce qui me faisait plaisir, mais j'aurais apprécié de temps en temps qu'il fasse également allusion aux circonstances présentes. Je me demandais souvent s'il n'avait pas oublié que j'étais mariée, et que j'avais des enfants : je n'ai pourtant jamais manqué de lui faire part de leur naissance, et quant à mon mari, Mathieu le connait très bien.

  Et puis facebook est arrivé. Mathieu s'est inscrit parmi les tout premiers, et son enthousiasme pour ce réseau social fut tel qu'il ne correspondit plus avec ses proches que par cet intermédiaire. Malheureusement, j'ai mis longtemps à vaincre mes réticences et à y créer moi-même un compte, et pendant des mois je me suis demandé pour quelle raison Mathieu ne donnait plus signe de vie.

  Tout s'est arrangé lorsque j'ai débarqué à mon tour sur facebook. J'ai pu rattraper mon retard et prendre connaissance du profil qu'il y exposait aux yeux de tous. Je ne m'attendais pas à découvrir l'élégante initiale qu'il glisse entre son prénom et son nom : « Mathieu R.  Xxxx », la liste sans fin de ses 527 amis, l'application consistant à épingler sur un planisphère tous les pays qu'il a visités, et enfin, ses albums photos consacrés à ses voyages bien-sûr, mais aussi aux différents restaurants étoilés qu'il lui est donné de fréquenter, et à sa collection de stylos plumes de luxe.

  Difficile de faire le lien entre ce profil un peu factice aux statuts abondamment renouvelés et l'ami que j'avais connu quelques années auparavant. Sous la surface sans cesse actualisée de son mur, rien ne transparait jamais d'un peu personnel, et je préférais les mails plus naturels que Mathieu prenait le temps de rédiger auparavant.

  Une seule occasion s'est présentée depuis d'échanger une vraie correspondance. Il y a deux ans un de ses frères s'est trouvé quelques jours entre la vie et la mort. Mathieu m'envoya un mail bouleversé. L'ombre de la mort donne à l'existence un tout autre relief, surtout lorsqu'elle menace une vie encore très jeune... Heureusement, la guérison du malade fut totale, et les choses reprirent leur cours à l'identique pour Mathieu.

  Depuis, plus de nouvelles. Hormis, comme chaque année, un mail de vœux adressé à tous ses proches, que j'ai reçu hier. Un mail envoyé à l'intégralité de son carnet d'adresse, rédigé en anglais quellle que soit la langue maternelle de ses destinataires, présentant ses vœux en quelques mots remarquables de concision à la toute fin du texte.

  Surtout, j'ai eu la joie d'y trouver un résumé de son année 2011. L'équivalent d'un condensé de ses statuts facebook, présentant, dans une « liste à puce » claire et ordonnée, les faits saillants de l'année :

  • J'ai voyagé dans 4 nouveaux pays sur 3 continents,

  • j'ai mangé du crocodile au Viet-Nam,

  • j'ai visité la ville la plus au nord de la planète, en Norvège,

  • je suis devenu un inconditionnel d'Apple et j'ai acheté mon premier Mac : je l'adore,

  • je suis toujours aussi inconditionnel de Los Angeles : deux voyages en un an depuis l'autre bout du monde,

  • j'ai dîné dans deux restaurants deux étoiles et un restaurant trois étoiles.

  Suivent les quatre photos-montages de vacances aux quatre coins du monde, la signature, et enfin, en guise de devise, une citation du fondateur d'Apple, Steve Jobs, dont Mathieu, comme tant d'autres, a pleuré la mort en octobre dernier.

« Stay hungry. Stay foolish »**

  Je me suis soudain souvenue qu'il y a six ans, Mathieu avait choisi pour clore ses mails une citation de Saint Ignace de Loyola :

« En todo, amar y servir »*

  Au panthéon de Mathieu, les dieux se suivent et ne se ressemblent pas.


 

 

 

* « Soyez insatiable. Soyez fou »

** « En tout, aimer et servir »

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24 décembre 2011 6 24 /12 /décembre /2011 09:43

  Nous étions conviés hier soir au dîner de fin d'année du service de Monsieur. Certes, la soirée m'a donné une bonne raison a posteriori d'avoir commandé cette petite robe bleue, et j'étais contente de pouvoir rencontrer les collègues de mon mari que je ne connaissais encore que de nom ; pour autant, c'est toujours avec un peu d'appréhension que je l'accompagne à ce genre de soirée parfois assez ennuyeuse.

  Mais c'était sans compter le talent de l'assistante du service, chargée d'organiser la soirée. Car c'est dans un cabaret qui a été réservé : « Le plus drôle, le plus chaleureux des cabarets de la ville » !

  Vingt heures, nous arrivons dans l'établissement où une quinzaine de collègues et leurs conjoints sont déjà présents. Un employé, en costume de groom mais tout de noir vêtu, nous invite à nous enfoncer dans un couloir : la salle de spectacle s'ouvre devant nous. « Vins ma binche, n'a pas peur ! ». L'homme qui s'adresse à moi, Viko, porte un manteau bigarré, et un immense chapeau brillant. « J'ta présente Miss Banjo, vins, entre ». Miss Banjo est une femme magnifique de deux mètres de haut, court-vêtue d'un costume encore plus chatoyant, couvert de paillettes et de plumes. Sous sa parure et son maquillage, Miss Banjo a le cou un peu fort, les genoux osseux, de grosses mains viriles, une voix grave et rauque. Le ton est donné, la soirée peut commencer...

  Nous prenons place pour dîner autour des longues tables alignées courant vers la petite scène. Le rideau se lève soudain, la lumière inonde la scène dans une débauche de fumigènes : revoilà nos amis Viko et Miss Banjo. En patois, toujours, les deux comédiens cabotinent tandis que le public déguste son entrée. Place à la musique : deux chanteurs, une jeune femme bien en chair quelque peu serrée dans sa robe, et un jeune homme distingué au maquillage raffiné, que nous reconnaissons pour nous avoir servi le premier plat, se succèdent micro à la main. Quand on n'a que l'amour, La salsa du démon, Sunny, Félicie... le répertoire est éclectique, on se croirait presque à la Nouvelle Star. Les voix ne sont pas désagréables mais on sent qu'elles n'auraient peut-être pas convaincu un jury exigeant. Miss Banjo, elle, semble chanter en play back, mais, en tenue légère, se dandinant sur sur ses hauts talons, elle agite mieux que quiconque la parure de plumes colorées qui forme une roue ondoyante dans son dos. Les rires fusent discrètement dans la salle.

  Tranchant sur le reste des artistes, deux contorsionnistes, une jeune femme souriante et son acolyte musclé étirent lentement leurs membres souples en des attitudes extraordinaires. Certes, nous avons vu des dizaines de fois ces mêmes figures à la télévision, mais malgré le léger tremblement que nous devinons parfois, malgré quelques infimes maladresses, la poésie se dégage, les cliquetis de fourchettes cessent, la salle retient son souffle.

  Ce n'est pas le cas des deux ou trois tours de magie qui nous sont présentés par ce cher Viko – le comédien pallie la rareté de ses talents de prestidigitateur par un humour de plus en plus raffiné. Le jeune serveur qui l'assiste, entre deux chansons, manque aussi d'entraînement : enfermé dans la cage derrière le rideau qui se lève et retombe rapidement, il n'a eu que le temps de retirer ses vêtements sans pouvoir enfiler un autre costume que celui d'Adam...

  Le pire moment pour l'assistance arrive – ma hantise depuis le début du spectacle : à une ou deux reprises, Viko souhaite faire participer le public, et descend dans la salle désigner parmi les convives attablés les comédiens éphémères qui auront l'honneur de l'accompagner sur scène et de partager sa gloire. Le projecteur balaie le public, chacun tremble intérieurement de peur de le voir s'arrêter sur sa personne... ouf, il est passé, je peux assister sans crainte à la grande détresse des trois collègues montés sur scène, invités à mimer un drame passionnel oriental qui laissera des souvenirs indélébiles à l'ensemble de leur service !

  Les plats et les numéros se succèdent, le café annonce la fin de la soirée. Le public se lève rapidement, après avoir salué la performance des artistes ; il est temps de quitter ce temple de l'art et du bon goût. Demain, devant d'autres convives, à la même heure, dans la même salle, pour la soirée du réveillon de Noël, Viko sortira les mêmes facéties avec la même gouaille, Miss Banjo agitera ses plumes avec la même grâce, et les chanteurs pousseront la même chansonnette entre deux services.

  Ailleurs, cette nuit de Noël, il y aura moins de paillettes, moins de fumigènes, moins de bruit – peut-être quelques chants de Noël. Mais la magie, là, sera palpable. Nous la verrons briller dans les yeux des enfants.

 

Joyeux Noël...

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  • : Les extraordinaires banalites d'Albane
  • : La trentaine, mariée, des enfants, une vie tout à fait banale en somme. Sauf que, aussi banale soit elle, la vie nous réserve toujours de pittoresques surprises. Une conversation, une gaffe, une confidence, une rencontre, une anecdote... ce sont ces faits saillants de la vie de tous les jours que je me décide à mettre par écrit.
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