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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 08:35

  Quand on a des enfants, il y a quelque chose qu'on supporte mal, en général, ce sont les critiques – ou parfois de simples regards de travers – de tierces personnes indiscrètes qui portent un jugement sur les principes d'éducation que vous tentez d'appliquer tant bien que mal à votre progéniture.

  En contrepartie, si vous voulez rester en bons termes avec les autres parents que vous fréquentez, il est absolument indispensable de garder une parfaite neutralité au cas où vous assistez au spectacle de leur talent, ou de leurs lacunes, d'éducateur, et plus encore s'ils leur vient l'idée dangereuse de vous faire des confidences sur leurs difficultés éducatives, ou, pire, d'avoir l'air de vous demander conseil. Flairez le piège, restez sur vos gardes, surtout ne donnez pas votre avis, ayez l'air aussi indifférent que possible, toujours très compréhensif, tâchez de laisser penser que tout vous paraît normal, que vous aussi vous avez beaucoup de mal avec vos enfants, et, tout en faisant mine d'avoir déjà oublié ce dont on vous entretient, concluez d'un ton poli et vague sur une banalité du genre « ça va s'arranger », « c'est normal », « c'est une question de temps» ou bien « ça dépend des enfants, ils sont tous différents ».

Exemple n°1 :

  Lundi matin, une jeune femme de mes connaissances s'effondre en larmes devant moi en expliquant qu'elle a été convoquée par la directrice de l'école de son fils, celui-ci ayant mordu jusqu'au sang l'oreille d'un de ses petits camarades de maternelle.

Mauvaise réponse : « Oh quelle brute, je me demande si Néron mordait ses petits camarades ? »

Bonne réponse (air un peu blasé, distrait, les yeux baissés pour dissimuler tout sentiment d'effroi) : « ah,oh, oui, ça arrive, c'est encore un enfant après tout. »

Exemple n°2 :

  Hier matin, je reviens de l'école en compagnie du père d'une petite fille de l'établissement. J'apprends que jusqu'ici sa petite deuxième, un an et demi, réclamait deux biberons de lait chaque nuit. Il m'annonce fièrement que sa femme et lui ont, enfin, décidé que c'était terminé, avant de me demander si mes enfants, eux, dorment bien.

Mauvaise réponse : « Eh bien ce n'est pas trop tôt, je n'aurais jamais pu supporter cela, vous avez vécu un enfer ! »

Bonne réponse (en réprimant son envie de rire, sur un ton indifférent) : « Ah, oui, oh, c'est vrai, maintenant elle est grande, mais vous savez, parfois les miens font des petits cauchemars. »

Exemple °3 :

  Je vous ai parlé de ces parents qui me prennent pour Wonder Woman. Je rencontre Madame hier après midi, toujours à la sortie de l'école. Elle espère que le bébé qu'elle attend sera aussi discipliné que mes enfants, qui tiennent bien la poussette pendant tout le trajet, tandis que son fils, lui, est très vif, et ne tient pas en place.

Mauvaise réponse : « Vous savez, s'ils sont sages c'est qu'ils n'ont pas le choix, je ne supporterais pas de devoir leur courir après dans la rue, c'est dangereux »

Bonne réponse (d'une voix modeste et pleine de sagesse) : « Oui, ça dépend des enfants, c'est vrai, il y en a de plus vifs que d'autres ».

  Si vous suivez bien ces conseils, vous parviendrez à entretenir de bons contacts avec toutes vos relations. Ce n'est pas de l'hypocrisie, ce n'est pas du mensonge, c'est une question de survie en milieu parental. Et si, vraiment, vous en avez trop lourd sur le cœur, vous pouvez toujours tenir un blog. Ça soulage.

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12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 17:55

  Madame Proprette, c'est le titre de l'un des tout premiers livres que j'aie jamais lus, dans la fameuse série des « Monsieur et Madame ». Il m'avait été offert lors d'un anniversaire auquel j'avais été invitée, lorsque j'avais peut-être quatre ou cinq ans, et je me souviens encore que Madame Proprette, avec son joli chapeau bleu et ses lunettes, passait son temps à briquer sa maison, qui « brillait comme un sou neuf ».

    Malheureusement, cette lecture précoce ne m'a pas donné le goût du ménage ni la passion de l'hygiène. Je suis bien obligée de temps en temps de passer la serpillère ou l'aspirateur, mais j'ai une tolérance assez large pour les vitres sales, la poussière sous les tapis et les miettes sous la table. Sans cela, d'une part je n'aurais pas eu trois enfants, parce que les enfants, c'est salissant, d'autre part je n'aurais pas créé de blog, parce que le temps passé à écrire un article, c'est autant de temps passé à ne pas récurer son intérieur.

    Et pourtant, j'ai rencontré Madame Proprette. La vraie, dans la vraie vie, puisqu'elle habite l'étage du dessous, au rez-de-chaussée, juste à côté des maniaques du bruit. Madame Proprette-dans-la-vraie-vie ne ressemble pas beaucoup à son modèle, elle n'a pas la silhouette rondelette de l'original, ni le petit chapeau rond. Elle est blonde, mince, âgée d'une trentaine d'année, en ménage (sans jeu de mot) avec Monsieur Propre, évidemment, et elle est toujours bien coiffée.

    J'avais commencé à repérer le phénomène dès notre arrivée dans l'immeuble. C'est tout de même rare d'avoir une voisine que vous découvrez un jour sur deux en train d'astiquer ses rebords de fenêtre. Oui, et c'est d'ailleurs comme cela que j'ai appris que cela se lave, les rebords de fenêtre, à l'extérieur bien-sûr. Les leurs sont les seuls de toute la résidence à présenter une surface d'un blanc immaculé, sans une trace de poussière.

    Par la suite, j'ai croisé plusieurs fois notre voisine avec un seau dans une main, un balai brosse dans l'autre. Je suppose qu'elle nettoie sa place de parking souterrain une ou deux fois par semaine. Surtout que Monsieur Propre, lui, prend le temps régulièrement de laver leur grosse voiture sur le parking, et il serait dommage qu'elle reprenne la poussière au sous-sol.

    Monsieur Propre et Madame Proprette attendent le week-end avec impatience, je suppose, pour pouvoir enfin éliminer toute la saleté accumulée pendant la semaine. Samedi dernier, je m'occupais, moi aussi, à ranger et nettoyer notre appartement – bien obligée, nous avions des invités. Monsieur est rentré alors de sa course en me racontant la scène à laquelle il avait assisté : Madame Proprette et Monsieur Propre étaient en train de procéder à l'examen minutieux du morceau de façade derrière lequel se trouve leur appartement. Les rebords de fenêtre, mais aussi la gouttière, les joints, l'enduit, les montants des vitrages, les stores, le dessous des rebords de fenêtre, l'envers des gouttières, rien n'a échappé à leur état des lieux, tandis qu'ils dressaient la liste exhaustive des travaux de nettoyage à effectuer. Je pense qu'ils étaient en train de préparer le programme de leurs vacances de la Toussaint.

    D'ailleurs s'ils n'ont rien à faire le 11 novembre, ma porte leur est grande ouverte.

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8 septembre 2011 4 08 /09 /septembre /2011 22:25

  C'est la rentrée pour les enfants, cela vous le savez déjà, mais c'est aussi en quelque sorte la rentrée pour moi : après deux mois d'été, voici revenu le temps où, quatre fois par jour, je prends le chemin de l'école derrière ma poussette, avec un enfant de chaque côté, où je parcours le même itinéraire, aux mêmes heures, avec devant et derrière nous les mêmes parents accompagnant les mêmes enfants à la même école. Finis les petits déjeuners interminables, les matinées pyjamas jusqu'à midi et les horaires à géométrie variable ! A moi les quatre kilomètres quotidiens, le temps qui file à toute allure au rythme inflexible des quatre allers-retours, les déjeuners à heure fixe l'œil rivé sur l'horloge, et l'impression désagréable d'être toujours un peu en retard.

  Pourtant, jusqu'à ce matin, je n'avais pas l'impression de réaliser des exploits. C'est vrai que je vois peu de familles de trois enfants se rendre à pied à l'école sur cinq cents mètres, c'est vrai que quand j'ai commencé les trajets l'an dernier, notre deuxième enfant avait tout juste deux ans et marchait courageusement là où beaucoup d'élèves de maternelle âgé de plus de trois ans sont conduits en poussette sur des distances moindres. Mais je n'avais pas encore compris l'ampleur du phénomène.

  Ce matin, donc, je rentre de l'école en compagnie de l'un des compagnons de route que je rencontre habituellement sur le trajet, le père d'une camarade de classe de mon fils, résidant dans notre rue. Il m'apprend qu'un troisième enfant est attendu chez eux, et semble me demander conseil, à moi qui en ai déjà trois, sur des questions pratiques telles que la surface du logement, le nombre d'enfants dans une chambre. Il s'inquiète un peu, au point que je me demande s'ils avaient vraiment prévu d'agrandir la famille. Tout en portant sa fille de trois ans sur les épaules – elle n'a jamais fait le trajet que de cette manière – il me confie que sa femme compte s'arrêter de travailler quelques mois (« tant pis, on mangera des patates »), et qu'elle appréhende les quatre allées et venues par jour pour l'école.

« Oui, parce que ma femme et moi, à chaque fois, on est impressionnés de voir comment vous gérez les trajets avec les trois enfants ! »

  Ce matin, j'ai enfin pris conscience de mes super-pouvoirs. Et en plus on ne mange pas que des patates.

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6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 21:31

  Ce n'est pas la première fois, mais décidément, Aline n'aime pas la rentrée. Pourtant, l'année précédente, en petite section, s'est très bien passée, et, en moyenne section, la maîtresse a la réputation d'être aussi gentille que celle de l'année dernière, mais Aline se demande bien quel est l'intérêt de venir passer des heures à faire la sieste, sortir en récréation, et jouer au coin cuisine ou bien coller des gommettes. En plus cette année la salle de classe n'est plus située juste à l'entrée de l'école, il faut désormais traverser toute la cour, se frayer un chemin entre les enfants plus grands qui courent sans faire attention aux plus petits, monter plusieurs marches, louvoyer dans un étroit couloir surpeuplé.

  Aline a pris son courage à deux mains, en ce jour de rentrée. Ses vêtements étaient tout préparés la veille, soigneusement choisis pour faire bonne impression. Depuis quelques nuits elle rêve de la journée à venir, avant-hier elle se voyait en CP, elle n'a pourtant pas l'âge. Le trajet, elle le connait par cœur, il lui paraît toutefois un peu plus court que l'année passée – les petites jambes ont grandi pendant l'été !

  Une masse de papas et de mamans se pressent devant les portes de l'école, Aline étouffe un soupir. Là, ça y est, les vacances sont vraiment finies. D'ailleurs il fait froid, le vent souffle, la plage et ses châteaux de sable paraissent si loin... Non, vraiment, il y a trop d'adultes, on dirait qu'ils sont plus nombreux que les enfants ! Elle se fait toute petite en reconnaissant les élèves de la classe et leurs parents, mais, évidemment, il y en a quelques uns qui lui adressent la parole, elle est bien obligée de répondre. Oui, moyenne section cette année, oui, elle a passé de bonnes vacances. Bizarrement, tout le monde a l'air de supposer qu'elle est contente de reprendre le chemin de l'école.

  Enfin les portes s'ouvrent. Par réflexe elle se fait toute petite en passant devant la directrice, c'est toujours impressionnant une directrice ! Elle peut vous convoquer dans son bureau, d'ailleurs tous les enfants la craignent un peu. Si tu n'es pas sage je vais en parler à Madame Vincent, disent les maîtresses aux élèves turbulents.

  Aline arrive devant la classe, identifie le porte-manteau en reconnaissant le prénom sur l'étiquette, y accroche sac et manteau, avant de prendre rang dans la file d'attente des écoliers accompagnés de leurs parents qui font connaissance avec la maîtresse. Elle jette un coup d'œil timide à la salle de classe, aux petites tables, aux jeux, tout cela ressemble à la classe de l'année dernière. « Bonjour Madame » dit-elle poliment à l'enseignante lorsque son tour arrive.

  La maîtresse sourit gentiment. « Bonjour Madame, répond-elle à Aline. Comment s'appelle ce grand garçon ? »

  La rentrée est faite, c'était hier. Aline est rentrée chez elle, avec un enfant de moins. Il paraît qu'elle me ressemble un peu.

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4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 15:07

  Mes parents habitent une résidence très agréable, à une exception près : leur voisin du rez-de-chaussée, qui n'est aimable avec personne, et qui devient franchement désagréable si par malheur vous vous trouvez accompagnée de jeunes enfants. J'ai eu l'occasion de m'en rendre compte à plusieurs reprises, comme cette fois où je m'apprêtais, avec deux enfants de moins de trois ans dont un dans sa poussette, à monter dans l'ascenseur prévu pour quatre personnes, quand Monsieur Bilermal m'a lancé, d'une voix sarcastique et amère, redoutant une détérioration de l'engin élévateur et par conséquent une augmentation de ses charges de copropriété :

"Ce n'est plus un ascenseur, c'est un monte-charge !"

  Heureusement, Monsieur Bilermal ne quitte plus guère son appartement ni son lit médicalisé, et j'ai donc le soulagement de le croiser moins souvent qu'auparavant. Pourtant, avant-hier, les trois enfants, leur grand-mère et moi-même nous rentrons de promenade, et j'aperçois Monsieur Bilermal à qui l'idée est venue ce jour-là de traverser le couloir d'entrée pour venir, derrière son déambulateur, relever le courrier. Un raclement de gorge sonore nous accueille en terrifiant les enfants au passage. Monsieur Bilermal ne dit pas bonjour, mais, s'en retournant avec difficulté jusqu'à son appartement, s'adresse à leur grand-mère en ignorant royalement la mère inconsciente que je suis, et déclare, sur un ton aussi aigre que caustique :

"A chaque fois que je vous vois, j'ai l'impression qu'il y en a un de plus."

  Je vous rassure, mes enfants ne sont pas des Gremlins. Ils ne se multiplient pas au contact de Monsieur Bilermal.

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 09:33

  Autant les vacances sont faites pour constituer des moments agréables loin des contraintes de la vie quotidienne, autant les journées passées à accomplir le trajet aller ou retour comptent généralement parmi les plus pénibles de l'année.

  Cet été, nous avions déjà plusieurs centaines de kilomètres sous les roues, passés à parcourir d'immenses paysages désespérément monotones, lancés à vive allure sur l'autoroute, avec malgré tout l'impression de nous traîner, entre la bande d'arrêt d'urgence et la glissière de sécurité, ayant pour toute distraction le choix de la file de péage la plus rapide et des considérations sur le temps pluvieux laissant mal présager de ce début de vacances.

   Malgré notre envie d'arriver le plus vite possible à destination, certaines nécessités physiologiques ont rendu indispensable un arrêt sur une aire d'autoroute remarquable uniquement par le fait qu'elle ne se distingue absolument pas des autres dizaines d'aires d'autoroutes françaises. En veillant à ne pas nous diriger vers le parking poids-lourds, nous cherchons une place de stationnement, admirons l'originale architecture de la station service et le magnifique aménagement paysager des lieux, et coupons le moteur et les essuie-glace.

   Monsieur se dévoue et me laisse galamment la priorité pour rejoindre ce haut lieu de l'inégalité entre les sexes, dernier vestige de discrimination entre hommes et femmes, pourtant trop rarement combattue par les féministes : la queue des toilettes de l'aire d'autoroute. Alors que ces messieurs n'en ont que pour une ou deux minutes d'attente, la file des dames s'étend sur une dizaine de mètres, sous la pluie - j'aurais pu choisir les installations abritées et confortables de la station service, mais la queue y est au moins deux ou trois fois plus longue ; j'attends donc que le temps passe. J'ai tout loisir de constater que les autres voyageuses, comme moi, ont pensé naïvement ce matin qu'elles pouvaient se chausser de nu-pieds, tongs ou espadrilles légères pour leur départ en vacances. Grossière erreur, on patauge dans la boue. Je me félicite en revanche d'être quasiment la seule à pouvoir m'abriter sous un parapluie. La file d'attente avance à un rythme désespérément lent. Je pense à Monsieur et aux enfants, calfeutrés dans la voiture, pour qui l'attente doit être longue aussi ; je détermine un algorithme qui me permet de calculer la durée moyenne du passage d'une personne dans ces "lieux d'aisance", si l'on peut dire, et j'en déduis qu'il ne me reste pas moins de quinze minutes d'attente. Mes consœurs devant moi sont de plus en plus trempées, les shorts et petits vêtements d'été dégoulinent, tandis que le bruit régulier et tout aussi humide de la chasse d'eau, suivi d'un grincement de porte, annonce la sortie de chaque voyageuse enfin délivrée de la corvée, et précède un imperceptible mouvement de progression de la file d'attente. Au bout de longues minutes, j'entrevois enfin l'intérieur du sanctuaire et les portes des trois cabines qu'il abrite. C'est alors que l'une des dix femmes qui me séparent encore du but tant espéré s'avance, mue par une découverte extraordinaire autant que salutaire.

   Sur les trois cabines, une seule est réellement utilisée par ces dames de la file d'attente. Deux autres, en parfait état de fonctionnement, ont été boudées, au moins depuis mon arrivée, par toutes les utilisatrices, se limitant volontairement à la fréquentation de la troisième, triplant par conséquent la durée d'attente. Pourquoi donc ? Pour quelle raison ces femmes consentaient-elles toutes à piétiner dans la boue, trempées jusqu'aux os par la pluie froide ? Tout simplement parce que, contrairement à la troisième cabine, il s'agissait de WC à la turque.

   Je ne vais pas vous mentir en vous disant que j'aime les WC à la turque. Mais plutôt que de perdre encore dix minutes à m'impatienter sous l'averse, j'ai pris mon courage à deux mains, et je suis entrée, doublant le reste de la file, en maudissant les extraordinaires exigences de toutes celles qui m'avaient fait perdre de précieuses minutes dans des conditions de température et de pression atmosphériques aussi défavorables.

   Faut-il encore s'étonner si on traite les filles de chochottes ?

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1 septembre 2011 4 01 /09 /septembre /2011 06:18

  Il y a une chose qui m'insupporte, ce sont ces personnes qui ne vous posent aucune question quand vous les rencontrez, ne vous renvoient même pas les vôtres, et ne s'intéressent pas à vous le moins du monde.

  Pour Tante Claudine, c'est différent. Ce qu'elle ne supporte pas, surtout quand il s'agit de ses propres petits-enfants, c'est la curiosité déplacée de ces personnes qu'elle juge trop pressées de voir grandir les enfants des autres, impatientes de les voir franchir une à une les étapes de leur croissance, piaffant de les voir passer leur bac et leur permis de conduire à peine sortis du ventre maternel.

  C'est ce que Tante Claudine a essayé de faire comprendre, avec une ironie décapante, à son beau-frère qui lui demandait aimablement des nouvelles de sa petite-nièce Céline, un an et quelques (dont Tante Claudine est la grand-mère, vous l'aurez compris) :

« - Et Céline, que fait-elle, elle marche, elle commence à parler ?

- Et puis quoi encore, une grande école aussi, peut-être ! »

  Non, mais, reconnaissez-le, il l'avait bien cherché quand-même.

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30 août 2011 2 30 /08 /août /2011 09:41

  Les vacances, c'est bien connu, constituent le moment idéal pour se cultiver. On a tout le temps qui nous manque pendant l'année pour orner son esprit de connaissances nouvelles au gré de lectures, de visites, de découvertes.

  C'est ce à quoi je me consacre consciencieusement tout l'été en prenant le temps d'éplucher de A à Z mon magazine de télévision préféré. L'éditorial qui dénonce non sans audace les méfaits de la téléréalité ou de la chirurgie esthétique, la passionnante page « animaux » qui vous décrit les mœurs de l'éléphant d'Asie, le dossier spécial été bourré de mots croisés et de sudokus, sans oublier l'horoscope propre à vous faire réfléchir sur l'orientation de votre vie, tout est fait pour élever votre niveau intellectuel. Quand revient le mois de septembre, je puis vous assurer que je ne me sens plus tout à fait la même, tant les horizons ouverts devant moi par mon magazine préféré ont totalement changé ma façon de penser, sans compter que je connais désormais le parfum préféré de Marie Drucker et la couleur de la serviette de plage de Tony Parker.

  Surtout, les rédacteurs de cette brillante littérature osent bouleverser les idées reçues, s'attaquer aux préjugés, remettre en question les évidences, quitte à choquer parfois, peut-être, leurs lecteurs. Et pas seulement en attribuant trois étoiles à un film calamiteux ou au contraire une seule à un chef d'œuvre universel, histoire de montrer qu'ils ont un point de vue indépendant et bien personnel sur les œuvres diffusées.

  Un seul exemple, une perle qui vous démontrera si nécessaire la justesse de mes propos. Il s'agit du résumé de l'émission « Baby boom », projetée aujourd'hui-même sur TF1, un reportage tourné au sein d'une maternité. Je cite :

« On a coutume de dire que la maternité est une affaire de femmes. »

  Pour tout cela, et bien plus encore, je présente mon éternelle reconnaissance à TV magazine.

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29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 13:58

  Voilà, les vacances sont finies ! Après deux semaines de congés et quelques centaines de kilomètres, nous sommes de retour et déjà nous apercevons le portail d'entrée de la résidence. Il s'ouvre. Ouf, on a réussi à ne pas perdre les clés pendant les vacances ! Je vide la boîte à gants et je découvre les deux cartes postales de vacances oubliées il y a six jours. Tant pis, on les postera d'ici, les destinataires comprendront – Monsieur, lui, ne comprend pas très bien ce qu'elle font encore là. Je reconnais mes torts, il est temps de sortir de voiture.

  Un coup d'œil au garde-corps du balcon qui heureusement est intact. La dernière fois nous l'avions découvert tout explosé par un camion de déménagement qui s'y était encastré en notre absence. Je vide la boîte aux lettres. Quelle joie de découvrir un volumineux paquet de lettres et de cartes d'amis ! Nous tombons sur nos voisins du dessous : ils ne le savaient pas ce matin, mais ils ont passé leur dernière vraie grasse matinée ; pour eux aussi les vacances sont finies.

  La porte de l'appartement s'ouvre : malgré l'odeur de renfermé, on savoure le moment où l'on se retrouve chez soi, dans un chez soi très bien rangé, qui plus est, et on se félicite d'avoir reçu ses beaux-parents la veille du départ. Finalement c'était une bonne idée, sans ça on n'aurait jamais passé l'aspirateur avant de partir.

  Pendant que Monsieur décharge la tonne de bagages, je compte les morts : zéro perte cette année, les plantes vertes ont toutes survécu, le vendeur de jardiland nous avait bien conseillés. Même notre sauterelle domestique qui squatte la salle de bain depuis début juillet est toujours fidèle au poste.

  Les bagages s'entassent dans l'entrée. Visiblement les amis ont tous préféré écrire, il n'y a aucun message sur le répondeur. Par malheur la pile de linge est aussi élevée qu'au moment du départ, et le frigidaire, lui, désespérément vide, à part deux bières bien fraîches que j'avais eu la géniale idée d'y glisser il y a quinze jours. Voilà de quoi faire oublier à Monsieur l'épisode des cartes postales dans la boîte à gants.

  J'attaque la pile de courrier : en fait, une fois jetées les publicités, il reste trois factures et une seule carte postale, et évidemment, c'est la seule personne à qui nous n'avons pas écrit cette année – heureusement nous avons rapporté une carte inutilisée, on antidatera pour faire croire qu'on avait oublié le carnet d'adresses. Et puis un sympathique courrier du Trésor Public qui, cette année, nous doit de l'argent : je vous l'avais dit que cela valait le coup d'avoir un troisième enfant.

  Enfermé dans sa sacoche l'ordinateur ne rêve que d'une chose : se connecter au wifi. Quinze jours de vacances c'est trop court, mais quinze jours de vacances sans internet c'est tout de même un tout petit peu long pour un ordinateur, et un peu pour moi aussi, je le reconnais. Je me force à défaire trois valises avant de le brancher.

  Deux valises suffiront. L'ordinateur s'allume : 117 mails, voilà pourquoi il y a si peu de courrier. Sauf qu'une fois supprimées les alertes de ventes privées et autres sites commerçants, il en reste quand-même nettement moins. Je consulte google actualités : on a été plus assidus devant notre verre à apéritif que devant le journal télévisé, ces derniers jours. Une taxe sur les sodas et les alcools forts ? Tant pis, l'année prochaine on se privera de légumes, on ne peut tout de même pas raisonnablement sacrifier nos rhum-coca estivaux.

  En passant devant une glace je constate que j'ai vraiment pris quelques couleurs : qui a parlé d'été pluvieux ? Les marronniers, par la fenêtre, ont pris déjà une teinte un peu automnale. La liste des tâches à accomplir avant la rentrée s'allonge mentalement : trier les photos, publier sur le blog, passer chez le cordonnier, faire des crêpes, organiser un week-end avec des amis au mois de septembre, mettre cette liste par écrit pour ne rien oublier, faire les courses, faire une liste de courses – la semaine s'annonce bien remplie.

  Au fait, que font les enfants dans leur chambre ? Ils sont ravis d'avoir retrouvé leurs duplos et construisent des rails géants pour leur train. J'enjambe le chantier et je finis de déballer les bagages. Un peu de sable s'échappe du sac des affaires de plage, comme un ultime souvenir qui s'égraine sur le parquet.

  Le panier de linge déborde, l'odeur de renfermé s'estompe, les rails géants et les rayons du soleil pénètrent jusque dans le salon, la bière pétille dans les verres, le canapé est toujours confortable.

  Finalement, on est quand-même bien chez soi.

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27 août 2011 6 27 /08 /août /2011 20:59

  Nous avons passé des vacances d'ermites. Nous n'avons pas adressé la parole à quiconque pendant toute cette quinzaine, à l'exception de quelques commerçants, de ce vieux clown à l'air si triste sous son maquillage grimaçant, et qui distribuait des prospectus pour son cirque, de la pompiste qui nous a annoncé du beau temps pour le week-end. Nous en étions réduits à converser avec les ânes et à écouter le chant du coq.

  Nous n'avons eu, en tout et pour tout, qu'une seule et unique conversation, avec une vacancière qui se trouvait être notre voisine, occupant le gîte situé juste derrière le nôtre. Depuis deux jours, elle nous saluait d'un grand geste de la main lorsque son mari et elle passaient derrière le mur du fond de notre jardin alors que nous dînions à l'intérieur derrière la baie vitrée donnant sur le chemin qu'ils empruntaient pour sortir de chez eux.

  Un soir, nous étions dans le jardin, les enfants jouaient malgré la grisaille : après une semaine très ensoleillée le temps était couvert depuis trois jours, mais par chance la pluie, quand elle tombait, ne tombait que la nuit. L'après-midi même, nous avions fait une belle promenade par un temps doux, au bord de l'eau, sans imperméable, sans parapluie, sous un ciel nuageux sans être très bas.

  C'est alors que notre voisine, rentrant chez elle, s'adresse à nous par dessus le mur en vieilles pierres. Malgré son accent, elle parle un très bon français, et nous explique qu'elle est hollandaise, professeur de français retraitée, heureuse de pratiquer un peu cette langue au cours de ses vacances. Nous échangeons quelques mots avant d'aborder le sujet fatidique : la météo, et le ciel gris.

« Heureusement, il ne pleut pas ! » nous félicitons-nous, tandis qu'à l'instant même où nous prononçons ces mots, nous entendons notre voisine s'exclamer avec regrets : « Il pleut tout le temps ! ».

  Par chance, le grand soleil qui reparut le lendemain matin mit pleinement d'accord optimistes et pessimistes pluviométriques.

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Qui Suis-Je ?

  • : Les extraordinaires banalites d'Albane
  • : La trentaine, mariée, des enfants, une vie tout à fait banale en somme. Sauf que, aussi banale soit elle, la vie nous réserve toujours de pittoresques surprises. Une conversation, une gaffe, une confidence, une rencontre, une anecdote... ce sont ces faits saillants de la vie de tous les jours que je me décide à mettre par écrit.
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