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6 août 2012 1 06 /08 /août /2012 07:00

  Cette année, nous ne partons pas en vacances. Mes précédentes grossesses ayant été légèrement compliquées sur la fin, nous avons jugé plus prudent de profiter des charmes de notre région plutôt que de nous en éloigner excessivement. Mon mari vient donc de reprendre le travail après quinze jours de congé à domicile.

  Nous avons passé une très bonne quinzaine. Et pourtant, chaque fois que l'on nous a demandé où nous partions en vacances cet été, et que nous avons répondu rester à la maison, nous avons assisté à la même réaction chez nos interlocuteurs : mutisme éloquent, regard atterré, moue effrayée, expression de pitié intense, haussement de sourcils navré. Certes nous partirons avec un double plaisir l'été prochain, mais la raison qui nous maintient à domicile cette année nous semble de nature à faire oublier les contrariétés et les contraintes qui l'accompagnent.

  J'aurais d'ailleurs tendance à déduire de ces mimiques, qui révèlent un tel besoin viscéral d'évasion entre juillet et août, que la vie quotidienne de ceux qui les manifestent est un véritable enfer de septembre à juin, et si c'est le cas je m'estime assez heureuse pour ne pas ressentir les mêmes impressions dix mois sur douze.

  D'autant que nous ne sommes pas les seuls à ne pas partir pour d'agréables destinations de villégiature cet été. J'en veux pour preuve nos voisins, Madame Proprette et Monsieur Propre, qui sont en congé eux aussi depuis deux semaines et qui n'ont pas quitté leur domicile pour autant. Les uns et les autres, nous avons su occuper agréablement nos vacances en fonction de nos goûts et de nos contraintes, et chaque jour nous avons pu le constater.

  Pendant deux jours, à chaque fois que nous sortions ou entrions dans l'immeuble, nous pouvions admirer la nouvelle terrasse que Madame Proprette et Monsieur Propre étaient justement en train d'installer devant leur baie vitrée du rez-de-chaussée.

  Un soir, lorsque mon mari est revenu les bras chargés d'une Reine et d'une Napolitaine en provenance du pizzaïolo du bout de la rue, Monsieur Propre venait d'achever de nettoyer à l'éponge sa grosse voiture noire tandis que Madame Proprette donnait un petit coup de chiffon à son paillasson.

  Un après midi, rentrant de la terrasse sur laquelle nous avions pris un pot au soleil, nous avons admiré Monsieur Propre nettoyant la deuxième voiture noire du ménage.

  Plusieurs matins d'affilée, revenant à domicile après avoir passé un moment au parc où mon mari apprend à nos enfants à faire du vélo sans les roulettes, nous avons constaté que Madame Proprette avait minutieusement astiqué le rebord extérieur de ses fenêtres, lavé tous ses rideaux et battu ses tapis.

  Le lendemain, alors que nous prenions un apéritif sur notre balcon, nous avons entendu nos voisins qui nettoyaient leurs volets roulants.

  Un autre après midi, de retour d'un parc où nous avions pris une nouvelle fois une consommation sous un parasol, nous avons constaté aux traînées humides qui s'écoulaient sur le parking qu'ils venaient de nettoyer à grandes eaux la terrasse neuve installée cinq jours auparavant.

  Le lendemain, lorsque nous sommes rentrés d'un pique-nique champêtre, nous avons salué devant l'ascenseur Madame Proprette astiquant avec application l'huisserie de la porte d'entrée de son appartement, côté parties communes. A travers l'entrebâillement, nous avons été éblouis par la propreté immaculée du parquet et la transparence parfaite des vitres. J'ai fait rentrer les enfants le plus vite possible dans l'ascenseur, troublée de réaliser tout d'un coup qu'ils avaient, comme souvent pourtant, les genoux terreux et des traces de chocolat autour de la bouche.

  Enfin, hier matin, mon mari est allé de bonne heure chercher des croissants et des pains au chocolat de façon à savourer particulièrement le dernier petit déjeuner de sa quinzaine de vacances, et alors que nous dégustions nos viennoiseries et que tombaient dans l'indifférence générale des miettes grasses sur le carrelage, nous pouvions percevoir le doux ronronnement de l'aspirateur de nos voisins.

   Nous avons donc passé les uns et les autres d'excellentes vacances à domicile. Il est vrai que je n'échangerais pas les miennes contre celles de Madame Proprette et de Monsieur Propre. Et pourtant je ne vous cache pas que la cuisine aurait bien besoin d'un petit coup de serpillère.

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3 août 2012 5 03 /08 /août /2012 07:00

  Mes prochaines vacances d'été approchent, et différents indices répandus dans l'appartement l'attestent. Une valise à moitié bouclée attend dans un coin, des vêtements microscopiques sortis des cartons ont envahi tout un rayonnage du placard, la poussette canne a été repliée pour laisser la place à l'imposant landau remonté du garage.

  Et, dernier arrivé, le berceau trône dans l'une des chambres. Pour la quatrième fois nous l'avons déménagé, monté et installé. C'est la quatrième fois que je le recouvre de ses parements blancs festonnés, que je noue chaque petit ruban autour des barreaux, que j'y place un drap blanc et une petite couverture, et que j'étends les voilages transparents tout autour du petit matelas. J'ai repensé aux trois occasions précédentes que j'ai eues d'effectuer les mêmes gestes et les mêmes préparatifs : une fois dans une chambre rose, deux fois dans une chambre jaune, et cette fois dans une chambre verte.   

  Et j'ai pensé aussi à celles qui, avant moi, ont noué les mêmes rubans aux mêmes barreaux, et nimbé ce même berceau des mêmes voilages : car voici cinq générations, peut-être plus, qu'il abrite le sommeil des nouveaux-nés de la famille – en témoigne le vernis un peu passé et de discrètes reprises dans les parements. Avant moi, ma mère, ma grand-mère, mon arrière grand-mère, une arrière-arrière-grand-mère et peut-être d'autres avant elles, dans plusieurs régions de France, sur trois siècles successifs, dans différentes demeures pour certaines oubliées, ont préparé le petit lit, imaginant les nouveaux-nés qui viendraient bientôt l'occuper, des nourrissons qui, en prenant place dans la nacelle en bois, ont inscrit leur nom dans l'arbre généalogique dont la branche la plus jeune est en train de s'étoffer.

  En un dernier geste j'ai lissé la surface de la couverture et j'ai tendu le drap pour y faire disparaître les plis. Lorsque, dans quelques semaines ou quelques jours, je me pencherai à nouveau sur le berceau, ce sera pour y regarder dormir un nouveau-né.En attendant

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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 11:03

  Dans une maternité, il y a un hall où l'on prend un ticket pour attendre son tour. Pas de file d'attente prioritaire pour les femmes enceintes – cela va de soi. Une fois affiché votre numéro, vous vous asseyez devant le guichet : dans une maternité il y a des chaises partout. Le personnel administratif vous demande de décliner votre identité et de fournir votre carte vitale, en échange de quoi vous aurez droit à une grande feuille mystérieuse couverte d'une trentaine d'étiquettes autocollantes mentionnant, sous un code barre, votre nom et votre date de naissance, et dont vous vous demanderez longtemps à quoi elles peuvent bien servir.

  Dans une maternité, on attend beaucoup, on attend la sage-femme qui est en retard, on attend l'infirmière qui doit vous faire votre prise de sang, on attend à l'accueil administratif, on attend aux urgences, on attend dans des couloirs, dans des salles d'attente. De toute façon vous en avez pour neuf mois à attendre, alors... rien ne presse.

  Dans une maternité, il fait chaud. En hiver il fait chaud, en été il fait encore plus chaud, et vous avez le temps de vous en rendre compte pendant les longues minutes que vous passez sur votre chaise dans la salle d'attente.

  Dans une maternité, vous n'existez que sous votre nom de jeune fille. C'est lui qui est marqué sur les trente étiquettes, c'est par lui que les sages-femmes et le personnel administratif vous appelle. Et pourtant, étrangement, tout le monde vous appelle « Madame » : « Madame Nomdejeunefille, c'est à vous. »

  Dans une maternité, on vous parle un langage étrange, fait de lettres et de chiffres. 35 SA, HU 31, DPA 6/04, BIP 80, RCF 154 : quelques mesures obscures, c'est tout ce que vous pourrez savoir sur le petit inconnu qui se prépare.

  Dans une maternité, vous entendez de drôles de bruits. Ici des cris de nourrissons étranges et vigoureux, ailleurs un bruit sourd et rythmé d'environ cent-cinquante pulsations par minute. Vous le reconnaîtriez entre mille, c'est le bruit du cœur d'un bébé qui n'est pas encore né, amplifié, qui résonne dans tout le couloir.

  Dans une maternité, vous croisez de drôles de personnages - outre les sage-femmes en blouses roses et sabots blancs, et les futures mamans à la démarche légère, accompagnées parfois d'hommes aux bras ballants - de minuscules petits êtres couchés dans des berceaux transparents. Vous avez beau avoir déjà des enfants, vous aurez du mal à ne pas les prendre pour des prématurés. Ce n'est que le jour de la naissance que vous comprendrez qu'ils avaient une taille normale : impossible de ne pas oublier à quel point un nourrisson est étonnamment petit.

  Une maternité, c'est un monde un peu à part, souvent à l'extérieur de la ville, un lieu un peu étrange. Et pourtant bien souvent c'est là que tout commence.

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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 07:00

  Je me revois il y a un an, le 19 juillet 2011, je venais de créer ce blog tout neuf et de le lancer sur la toile. Un sentiment d'excitation me transportait devant ce support vierge que je voyais s'afficher sur l'écran de mon ordinateur, dont je venais de définir en quelques heures l'apparence, le nom, et la « ligne éditoriale », sur lequel je venais de rédiger une présentation, et où je brûlais de jeter mes premiers billets à l'intention de mes premiers lecteurs.

  Tenir un blog : j'y pensais depuis quelque temps, surtout depuis que tous les membres de mon entourage s'étaient mis les uns après les autres à créer le leur. Mais il me manquait un sujet...

  C'est alors que je suis tombée, un soir, par hasard, sur des blogs tenus notamment par des médecins qui y relataient, sous un angle souvent plus humain et psychologique que médical, des anecdotes, souvent insolites, parfois touchantes, sur leurs patients – des anecdotes qui n'auraient vraisemblablement jamais été écrites à une époque où les blogs n'auraient pas existé. J'ai passé une ou deux heures à les lire, quand l'évidence m'est apparue : toute vie, aussi banale soit-elle, qu'elle se déroule dans un cabinet médical, dans un bureau quelconque, au sein d'un foyer familial, ou ailleurs, regorge d'épisodes saillants, d'émotions, de surprises, de coïncidences, de découvertes. Des banalités dont on ne ferait pas un roman, mais dont le récit aurait toute sa place sur un blog.

  En un tel jour, il est d'usage pour le blogueur qui fête l'anniversaire de son blog de le célébrer par un billet, et, bien souvent, de quantifier sa popularité en décomptant le nombre d'articles écrits, le nombre de commentaires postés, les statistiques de fréquentation et autres données chiffrées dont je vous ferai grâce. Il est aussi d'usage de reconnaître tout ce que ce blog a apporté à son auteur : des réflexions, des rencontres virtuelles, voire réelles, des heures de distraction, le plaisir d'écrire, celui de lire d'autres blogueurs, des moments d'émotion à la lecture du premier commentaire – et de tous les suivants. J'ajouterais pour ma part qu'à la longue un blog finit quasiment par prendre une personnalité, une existence en tant que telle, si bien qu'il cesse d'être le simple reflet de la vie de son auteur pour en devenir en quelque sorte un élément doué de son énergie propre, un moteur qui va jusqu'à donner sa raison d'être à certains moments vécus dont le récit « ferait un bon billet », une entité vivante qui finit par évoluer dans un sens que son rédacteur n'avait pas toujours prévu, et qui, par le biais des commentaires, lui échappe d'une manière extrêmement plaisante, souvent surprenante et toujours enrichissante.

  Qu'importe finalement la notoriété chiffrée d'un blog, son classement sur les annuaires, sa côte de popularité face à l'ensemble innombrable des blogs existants sur le web ? Le plaisir est le même, pour l'auteur d'un modeste blog, de se savoir lu par un petit comité de lecteurs fidèles qui ont la gentillesse de lui porter de l'intérêt.

  Et je m'adresse en particulier à ceux de ces lecteurs qui sont aussi blogueurs : sous quelle impulsion avez-vous un jour ouvert un blog ? Comment a-t-il évolué au fil du temps ? Et quel plaisir tirez-vous de sa rédaction ? J'attends avec impatience vos commentaires, voire vos billets si le sujet avait le bon effet de vous inspirer...

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11 juillet 2012 3 11 /07 /juillet /2012 08:10

  Pour patienter entre les différents rendez-vous de ma journée glucose, j'avais emprunté à mes parents, chez qui j'avais déposé les enfants, un livre distrayant et drôle, un livre que j'avais déjà lu mais de ceux qu'on ne se lasse pas de relire.

  Je l'ai ouvert entre l'entretien avec le médecin et la rencontre avec la diététicienne, assise sur une chaise dans un couloir de l'hôpital, bien contente de pouvoir penser à autre chose qu'à ma ration de glucose et à mon équilibre alimentaire.

  Et puis, alors que j'entamais en souriant le second chapitre, un petit signet a glissé sur mes genoux. C'était un morceau de ticket de caisse soigneusement déchiré, plié en deux, qui avait servi de marque page au précédent lecteur de ce livre, et qui y était resté, oublié, pendant des années.

  Pendant plus de six ans : en dépliant le morceau de papier, j'y ai reconnu l'écriture familière de ma grand-mère, celle qui ne sortait jamais sans emporter des pansements pour soigner les égratignures de ses petits-enfants. Entre une annotation un peu mystérieuse, peut-être un livre qui lui aurait été recommandé, et le nom de la boutique qui avait émis le justificatif suivi du nom familier de la rue où celle-ci est située, j'ai découvert, de son écriture, une ancienne adresse où j'avais vécu quelques mois lorsque j'étais parisienne, peu de temps avant mon mariage. J'ai reconnu le numéro de l'immeuble, que j'avais oublié, j'ai repensé au week-end que j'avais passé chez elle depuis Paris, et au couloir où se trouvait la boîte aux lettres qui avait détenu les courriers qu'elle m'avait adressés – parmi les derniers qu'elle ait rédigés de cette même écriture qui surgissait devant moi, par hasard, car l'année suivante ma grand-mère n'était plus.

  J'ai fini ce livre, parmi les derniers qu'elle ait lus, et je l'ai rendu à mes parents à qui, comme moi, elle avait dû l'emprunter. J'ai gardé le signet : peut-être le glisserai-je dans un autre ouvrage où il me servira de marque-page ; peut-être le retrouverai-je, un jour, avec surprise et émotion, dans une salle d'attente ou sur un quai de gare.

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 07:49

  Il y a quelques jours, à l'approche des vacances scolaires, l'enseignante de la classe de moyenne section de mon fils aîné a organisé une sortie scolaire dans le parc voisin. Une petite troupe d'une trentaine d'enfants a traversé le boulevard pour passer la journée sur les pelouses et l'aire de jeu du jardin public, sous la surveillance aigüe d'une bonne dizaine d'adultes, nécessitée par l'âge encore très tendre des écoliers.

  Trente enfants de quatre ans et demi ou à peine cinq ans, trente enfants qui s'en sont donné à 

cœur joie à dévaler les toboggans, à sauter à pieds joints, à se rouler dans l'herbe, à ramasser des pommes de pain et à agiter des branches d'arbre. Trente enfants, dépassant rarement les cent-dix centimètres de haut, qui commencent à peine à perdre leurs dents de lait, découvrant avec émerveillement l'existence de la petite souris et croyant encore fermement à celle du Père-Noël ; trente enfants qui ont toujours peur du noir, des loups et des crocodiles ; trente enfants qui pleurent quand ils se cognent et rient en faisant des grimaces ; trente enfants qui mangent la serviette nouée autour du cou, trente enfants qui sucent encore leur pouce et s'endorment en serrant contre eux leur nounours ou leur poupée.

  Trente enfants qui ont déjà bien grandi, mais qui sont encore si petits.

  Tous sont rentrés ravis de cette journée au grand air. Pourtant mon fils m'a rapporté, non sans une certaine perplexité, la réflexion de l'un des ses camarades :

- Tu sais Maman, Simon m'a dit : « Tu as un sac à dos Winnie l'Ourson ! C'est pour les bébés. »

  Ils en ont pour longtemps à vouloir paraître plus âgés qu'ils ne le sont. Jusqu'au jour où ils guetteront leur première ride et leurs premier cheveu blanc...

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 07:00

  Souvenez-vous... Il y a six mois, j'avais découvert dans le carnet d'évaluation de mon fils aîné, scolarisé en moyenne section, que ce dernier avait, certes, fait “un bon trimestre”, mais qu'il avait besoin de grandir encore.

  Ce qui m'avait un peu étonnée, sachant qu'il avait alors quatre ans et que j'imaginais alors – naïvement – que sa croissance se poursuivrait naturellement dans les mois et les années qui suivraient.

  C'est alors avec anxiété que j'ai attendu l'évaluation de fin d'année. Entre temps, mon fils a fêté son cinquième anniversaire, ses pantalons ont raccourci et il a changé de pointure. Mais qu'en pensent les spécialistes de l'éducation ?   Son développement s'est-il arrêté net au premier trimestre, ou bien s'est-il poursuivi tout au long de l'année ? Et si ce n'est pas le cas, comme semblait le craindre l'enseignante, que faudra-t-il envisager ? Le redoublement, l'orthophoniste ou peut-être le centre aéré cet été, voire l'hospitalisation ?

  J'ai eu la réponse vendredi en recevant la toute nouvelle évaluation. Reconnaissant l'écriture appliquée de l'enseignante, j'ai pris connaissance de l'appréciation que j'appréhendais depuis des mois :

"Très bonne année scolaire pour XXX, il a grandi petit à petit."

  Vous imaginez mon soulagement. Le développement cognitif et affectif de mon fils ne s'est pas interrompu au premier trimestre de l'année scolaire !

  La conclusion s'impose et je la découvre sous la plume de l'institutrice :

"Le voilà prêt pour la grande section."

  J'en suis on ne peut plus ravie. Je crains seulement que la nouvelle enseignante ne diagnostique au sujet de son élève, en décembre prochain, la même nécessité de poursuivre sa croissance...

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29 juin 2012 5 29 /06 /juin /2012 07:00

  Hier midi, je sors de l'école avec les enfants, et, comme cela arrive souvent, l'un d'eux tombe sur ses genoux que le port du bermuda laisse découverts. Rien de grave, une éraflure très superficielle comme il y en aura des dizaines d'autres dans le courant de l'été. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas pleurer vigoureusement, en réclamant :

- Maman, j'ai mal, je veux un pansement.

  Ma grand-mère, qui connaissait l'âme enfantine et les vertus réconfortantes d'un morceau de sparadrap, ne sortait jamais sans emporter dans son sac à main quelques pansements qu'elle s'empressait d'appliquer sur nos blessures lorsqu'arrivait l'inévitable chute lors d'une promenade familiale. J'avoue être moins prévoyante et moins attentionnée, car je n'ai encore jamais reproduit cet usage.

- Cela va passer, ce n'est rien, on verra à la maison s'il faut mettre un pansement, ai-je dit comme chaque fois, en pensant intérieurement que d'ici à notre retour la douleur aurait disparu.

  Mais le hasard fut plus clément que je ne le suis moi-même. A ce moment précis, une dame d'un certain âge, sortant de l'école où elle vient de déposer ses petits-enfants, approche derrière nous d'un pas menu et silencieux.

- Un pansement ? répète-t-elle.

  Et, s'arrêtant à notre hauteur, en l'espace d'une seconde, elle sort de son sac à main bien rangé un petit étui dont elle extrait un pansement, me le tend, et repart aussi furtivement qu'elle était arrivée. J'ai mis le pansement au genou et du baume au cœur du petit blessé, et nous sommes rentrés.

  Il est heureux le temps où la sollicitude d'une grand-mère et un peu de sparadrap suffisent à apaiser les plus grands chagrins.

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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 07:00

  Après la fête des parents, a eu lieu samedi dernier la très attendue fête de l'école. La cour de l'établissement avait été entièrement transformée pour l'occasion, un grand podium dressé en son milieu, une buvette installée ainsi que de longues tablées couvertes de nappes en papier, sans oublier les jeux pour enfants : pêche au canard, chamboultou et autres attractions, et parmi elles les deux magnifiques châteaux gonflables.

  Depuis plus d'un mois les écoliers ont répété assidument la chorégraphie proposée en guise de spectacle de fin d'année. Des heures d'entraînement dans la salle de sport, des costumes, une répétition générale sur le podium, et enfin, samedi, le grand jour.

  Nous sommes arrivés à midi pour déjeuner sur place. Toutes les tables étant déjà prises, nous nous sommes assis sur les marches où nous avons dégusté coca, frites et hot-dogs – à la santé du Docteur glucose. Les parents de Jeanne se tenaient au même endroit avec leurs filles. Le papa de Jeanne s'est mis à raconter son tout récent voyage professionnel en Chine.

- Mon correspondant chinois, qui a eu le rare privilège d'avoir deux enfants, m'a expliqué quel parcours du combattant il a fourni pour en obtenir l'autorisation : il a dû constituer un dossier, prouver que sa femme et lui étaient eux-mêmes enfants uniques, qu'ils avaient les moyens d'éduquer leurs enfants et de leur faire faire des études supérieures, et en outre il a dû laisser un intervalle de cinq ans entre les deux. Quand je lui dis qu'autour de nous des gens attendent leur quatrième enfant, que j'ai un frère qui en a dix, il n'en revient pas.

  Splash... Notre deuxième fils vient de renverser son verre de jus d'orange sur mon gilet blanc et se met à fondre en larmes. Nous avons au moins la chance ici de ne pas avoir à demander la permission à quiconque avant d'avoir un nouvel enfant.

- Il m'a emmené dans un parc à Pékin, c'était la première fois que son fils de sept ans faisait du toboggan... Chaque week-end ses parents le font travailler pour combler ses lacunes, et le reste du temps il apprend le piano.

  Il est heureux que Jeanne ne soit pas élevée en Chine. Là-bas, il n'y a sans doute pas de place pour les suiveurs. A côté les enfants, ayant terminé leur barquette de frites, montent et descendent les marches en courant. Le papa de Jeanne continue la conversation avec mon mari, sa femme se tourne vers moi, en déclarant, avec, comme toujours, les meilleures intentions du monde, en me proposant une part de gâteau :

- Quand j'ai su que tu attendais un quatrième enfant, j'ai été vraiment admirative. Surtout le fait de s'en occuper soi-même à la maison, je crois que, moi, je n'aurais pas la patience.

  Cela fait au moins vingt-cinq fois que la maman de Jeanne me fait de telles confidences.

- Ce qui doit être difficile, surtout, c'est de ne pas exister pour soi. Bien-sûr quand je suis à la maison je m'occupe des filles, je n'existe pas pour moi, mais quand je travaille, tu vois, j'existe pour moi...

  Chacun a le droit de faire ce qui lui plait et de penser ce qu'il veut, mais il y a des choses qu'il n'est pas interdit de garder pour soi.

  J'oriente la conversation sur le prochain déménagement des parents de Jeanne dans le quartier voisin.

- Oui, nous sommes en plein dans les cartons, de plus, professionnellement, à la bibliothèque nationale, on termine la mise à jour du catalogue, cela fait énormément de travail, c'est très éprouvant.

  L'heure arrive où les premières classes vont se produire sur le podium. Deux élégants présentateurs animent un quizz musical et annoncent les grands gagnants de la tombola tandis que les parents se pressent autour de la scène en dégainant leurs appareils photo et caméscopes. Enfin, les élèves de petite section montent sur scène, le spectacle peut commencer. Il y a de quoi pour chaque parent s'attendrir en admirant son enfant s'appliquer – plus ou moins –, à reproduire – à temps ou à contre-temps – les gestes que la maîtresse effectue au même moment au bas du podium. Mais, il faut le reconnaître, l'ensemble est assez nettement désorganisé. Un mois de répétitions acharnées pour un tel résultat, les présentateurs n'ont pas tort de saluer l'abnégation des enseignantes. La chorégraphie des moyenne section, si elle est un peu plus soignée, reste toutefois assez brouillonne également. Mais les enfants saluent leur public, ravis de leur prestation, et nous, parents, applaudissons de bon cœur.

  Depuis une année qu'ils en rêvent, nous offrons à nos enfants quelques parties de pêche au canard, ainsi que cinq minutes dans le château gonflable dressé en face du podium. Tout le monde est fou de joie... ou presque, car mon mari se fait réquisitionner par Xavier, grand responsable de la « Commission jeux de la fête de l'école », et spécialement tracassé par cette responsabilité, pour tenir la permanence du stand de pêche au canard.

  Il est temps pour les enfants d'aller choisir un lot en échange des bons gagnés à ce dernier stand. Et c'est ainsi que nous quittons, un peu fatigués, la fête de l'école qui continue à battre son plein, avec, pour les enfants, un ensemble de petites voitures made in china et des souvenirs émerveillés, et pour moi, un léger coup de soleil : plus que jamais nous sentons la fin de l'année scolaire approcher. J'imagine que c'est ainsi que, année après année, fête après fête, les enfants qui dansaient déguisés sur une musique de film Disney se retrouvent en train de passer leur bac...

  Mais chaque chose en son temps.

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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 09:37

  Vous vous souvenez sans doute de ma récente journée glucose qui m'a laissé de grands souvenirs et vous vous demandez certainement, à juste titre, ce qu'il en résulte. Sachez que j'ai commencé par m'empresser de laisser passer six jours avant de me procurer le fameux sésame dont j'avais la satisfaction de pouvoir choisir la couleur, un petit gadget électronique me permettant de connaître à toute heure du jour ma quantité de glucose sanguin.

  J'ai  donc pris mon courage à deux mains et lundi soir, j'ai commencé à me piquer consciencieusement le bout des doigts. Après avoir massacré la pulpe de ceux-ci, j'ai eu la satisfaction de ne lire des gluco-taux largement en dessous des objectifs fixés par les médecins. Le dépistage médical sur une seule et unique prise de sang est peut-être un peu hâtif... Je me suis du moins félicitée de ne pas m'être privée de confiseries ni de macarons ces dernières semaines.

  Quoi qu'il en soit, j'avais reçu comme instruction de transmettre ces taux par mail au docteur de la journée glucose, ce que j'ai fait mercredi soir.

  Jeudi matin, le téléphone a sonné.

- Bonjour Madame, c'est Laurence, l'infirmière glucose.

  Je reconnais le ton sucré employé tout au long de la journée d'éducation thérapeutique.

- Nous avons bien reçu votre mail, alors que pensez-vous des résultats ?

  Notez l'importance de la pédagogie destinée à responsabiliser les femmes enceintes afin de les rendre actrices de leur suivi médical.

- J'en pense que tout est parfait, ai-je répondu, en ajoutant : D'autant que je n'ai pas du tout modifié mon régime alimentaire.
- Ah non, mais ce n'est pas un régime, c'est plutôt un équilibre alimentaire.

  La nuance est de taille.

- Bon, alors vous continuez, et vous nous renvoyez un mail dans une semaine, me demande-t-elle.
- Euh... étant donné les résultats, on pourrait peut-être alléger la surveillance ?
- Je vais demander au médecin.

  J'entends la voix de Laurence assourdie qui s'adresse au docteur glucose :

- C'est Madame Albane, ses gluco-tests sont parfaits, elle dit qu'elle n'a pas modifié son régime, je lui ai dit que c'est surtout un équilibre alimentaire, et elle demande si elle peut alléger la surveillance.

  Le docteur glucose a donné son accord.

  Cela tombe bien, il y avait du coca et des barres kinder pour le goûter. Puisque ce n'est qu'une question d'équilibre...

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Qui Suis-Je ?

  • : Les extraordinaires banalites d'Albane
  • : La trentaine, mariée, des enfants, une vie tout à fait banale en somme. Sauf que, aussi banale soit elle, la vie nous réserve toujours de pittoresques surprises. Une conversation, une gaffe, une confidence, une rencontre, une anecdote... ce sont ces faits saillants de la vie de tous les jours que je me décide à mettre par écrit.
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